mardi 31 décembre 2013

Moutons d'avant




Je comptais les battements
De ton cœur
N’en perdre aucun
Tous pour moi
Quand tu dormais
Noué à mon flanc


dimanche 29 décembre 2013

Errance nocturne




Chaque pas que je fais
Dans les rues de ma ville
Tatoue sur les trottoirs
Les places les chaussées
Ma mémoire pointilleuse
Qui marche à pas chassés
Et fuit les regards torves
Des passants éclopés
Des mots
Impotents auxquels jamais il ne dit
Ces folies éphémères
Dans nos rues dans les nuits
A leur insu
Mes souvenirs
Sont trésors
Que j’imprime le soir
Sur les places les chaussées les trottoirs



lundi 23 décembre 2013

Ame vagabonde




Singulière
Toujours
Dans les rues solitaires
A travers
La nuit esseulée
Je promène
Des souvenirs bicéphales



samedi 21 décembre 2013

"Au bas d'un parchemin"



                                                                                                    ubi tu Gaius ibi ego Gaia


Ces mots toujours jurés
Que tu avais écrits

Que secret murmuré
Jamais ne se dérobe

Que l’ombre désirée
Jamais ne se décloue

Que désir partagé
Jamais ne se délite

Que les corps enlacés
Jamais ne se délient

Que l’amour déclaré
Jamais ne se défausse

Que l’âme pénétrée
Jamais ne se dérobe

Que parole donnée
Jamais ne se dédise

Ces mots en moi gravés
Que tu as reniés



mardi 10 décembre 2013

Conte urbain



L’immeuble au square dormant
Qui a éteint même le bruit
Ogre assoupi
Pourfendu
Par le peuple des pigeons
A la gorge coupée
Le murmure seul
De leurs ailes furtives
Dit la vie
Face à la vilenie
Du gros corps pollué

lundi 9 décembre 2013

Sombre clameur



Arbre figé
Derrière l’écran
De la fenêtre
Cadavres alentour
Pieds érigés
Chaises abandonnées
De la classe
Les radiateurs grondent
Leur chant morose
Murs désespérés
De gris
Enfer sidéral
Mal luné
De l’école
Les mots perdent leur sens
La poésie s’est pendue
Tout
est
statufié
Sauf
L’intolérable
L’insupportable
Le détestable

Tintamarre


mercredi 27 novembre 2013

Sultan



Ce goût de sérail
Que tu traînes à ta suite
Me perd
Me pend
A ta désinvolture
Je suffoque
Tu as mon regard dans ton ventre
Et tu le serres à pleines mains
Tu m’as liée à ton odeur
A ton silence
Emprisonnée dans le sillon de tes yeux
Autant de chaînes à mes chevilles
Ensanglantées

dimanche 17 novembre 2013

Jadis


Et si ton rêve était éternité ?
Tu brises l’espace
Comme tu traverses
Mes songes
Elles dansent
Les dames du temps jadis
Tu virevoltes
Nuit après nuit
Roland hardi
Le souffle épique
Des chevaliers de France
Depuis longtemps
N’a plus frémi
Mais sous la lune
Toi tu danses
Parmi les tombes
Où la bruyère fleurit
Il s’effrite lent
Le temps
Tombent les neiges d’antan
Sur les arbres aux cerises
Pétrifiées
Eurydice nue
Je suis jetée
Du haut du rêve
Toi tu danses et danses
A tes pieds
Lié
Le fil d’Ariane
Du lierre
Mes amarres mon passé
L’espace
Brisé resserré
Sur ton passage
Même quand j’ouvre les yeux
Tu danses et danses
Hors vie hors réalité
Tu danses
Rêve diurne
Fatalité

lundi 11 novembre 2013

Passé décomposé



j’écris ma vie
à l’aoriste
mon lendemain
se conjugue
toujours
à travers
mes hier


mercredi 23 octobre 2013

Cri




Montent du fond de ma mémoire
Comme libérés
Des mots leur ergastule
Des clichés éclatants
Sans paroles
Qui disent toujours tout

mercredi 9 octobre 2013

Octobre couperet




jamais tu ne t’étonnes
de mon ombre attentive
des miettes que je sème
pour toi
seul
non
jamais

AILLEURS

tu voles vers ton phare
indistinct
toi tu crois
encore
aux
lendemains

dimanche 6 octobre 2013

Sans Faria




Le sang n’a pas cessé de grésiller
Et les imprécations
Ont rebondi contre tous mes murs
Clos
Cheville vaporisée
Sur les larmes du cachot
Je me consume
Sous la couverture acide
Du chagrin

dimanche 29 septembre 2013

Coupable logorrhée



Quand j’ai épuisé les mots
Le silence m’enserre de ses anneaux plombés
Les murs mutiques m’accusent de mille maux
Le verbe s’est avalé
Et mes mains te cherchent à l’aveugle
Ta peau n’est jamais taciturne
Dans le fracas du désir
Mon amour hurle

dimanche 22 septembre 2013

Houle



Vents et marées
Naufrages zinzolins
Algues épouvantées
Goélands mutants
Bigorneaux en armée
Tsunami

Mon cœur est un isthme

mardi 17 septembre 2013

Guerrière




Même si le ciel grésille
Même si les rires m’atteignent
Comme des pierres
Ils ont beau dire
Ils ont beau plaindre
Projectiles sur mes étagères
Comme trophées
Même s’ils parlent
Dur
J’arbore crânement
Bouclier
Ton alliance à mon doigt

dimanche 8 septembre 2013

Promesses



Tu avais dit que tu m’emmènerais à Carthage
Sur les chemins entre les colonnes de pierre
Tes pas auraient été dans les miens
Sous la lune plus extasiée
Nous ne nous serions pas perdus
Et les parfums mêlés des jardins rêvés d’Hamilcar
Auraient été autant de vaisseaux
Vers cet ailleurs désiré
Qui tant me manque
Tu avais dit qu’il y aurait Carthage pour toi et moi
Et sur l’autel nous aurions juré
Comme Hannibal
Juré d’être toujours amis
Jamais ennemis
Liés
De Rome nous n’aurions rien dit
Mais toi tu avais dit nous tu avais dit Carthage
Maintenant
De Carthage il ne reste que fragments
Poussières
Mer stérile sous un ciel immuable
Sans odeur
Vent salé comme des larmes
Ruines
Ruines
Ruines
Qui ne disent plus rien
Et moi
Vieille Didon
Sur son bûcher
Ensanglantée

samedi 31 août 2013

Religion



J’ai avalé tes évangiles
Apocryphes
Mots
Que tu disais
Sans importance
Tout avalé
Ton chrisme tatoué
Sur chaque main
De nos mystères
Tu étais
L’Alpha
De nos mystères
Tu étais
L’Oméga
Et j’ai gravé des poissons aux queues déployées
Sur les cadavres de Bons Pasteurs oubliés
Et j’ai encore sauté
Du haut de ton Milvius
Toi en marche
Toujours devant
Je m’épuise à suivre
Mes messages cryptés
Qui me mènent au rien
Qui ne mènent à rien
Moi
Jamais parjure
Mais par toi
Reniée

dimanche 18 août 2013

Calendrier



Archonte
De ma lointaine cité
Toutes mes mortes années
Portent
Ton nom
Bien au-delà
De leurs masques
Tragiques

dimanche 4 août 2013

Cauchemar


La bouche bubonneuse d'un gras crépuscule
Bave boue et baisers, lèche corps et raison,
Tandis que de la nuit le puissant tentacule
Déchire du temps diurne le sage bâillon.

Dans la moiteur du soir, ton ombre noctambule
Dévore mon errance et ma morte-saison
Et ton crachat moqueur, qui ton sang m’inocule,
Laisse dans ton sillage un goût de trahison.

Prise dans tes ténèbres au rire indécent,
J’avale sans faillir ton poison insolent
Au mépris de mon âme au tréfonds pollué

Par ton fantôme blet que la lune distend :
Hécate est sans pitié pour le rêve pilé
De celle qui soupire, et écrit, et attend.

mercredi 31 juillet 2013

Les arbres





Sur le chemin le long du canal
Les platanes se lèvent la nuit
Ils se frottent le tronc
S’échangent leurs graffitis
Cœurs gravés d’autrefois
Prénoms entrelacés jadis
Mots d’amour éternels
Éternels au printemps
Les platanes effritent leur écorce
Sans s’occuper des souvenirs
Se moquent de la nostalgie
Et des serments abandonnés
Ils n’ont pas la fibre sentimentale
Eux
L’humus des mémoires
Les fait grincer
De rire
Ils ont d’autres feuilles
A déployer
D’autres traces
A effacer


jeudi 25 juillet 2013

Orage




Mon orage ne gronde plus
Les arbres agonisent
Branches brisées au sol
Feuilles dévorées
De chagrin
Récurrent comme la grêle
Qui a tout transpercé

samedi 20 juillet 2013

Les vieux étés



L’herbe jaunie des prés d’été
Coquelicots morts
Fanes de pissenlits
Feuilles desséchées
Il ne reste que les spectres
De nous
Le crissement des foins embaumés
Sous nos pas accordés
Les soirs d’été
Quand la lune amoureuse
Fumait dans le ciel heureux
Brillant strié
Meules qui ondulaient
A notre passage
Branches nouées des tilleuls
En haie nuptiale
Dessus le couple à l’amble
Sur l’herbe jaunie
Des chemins d’été
Terre sèche évaporée
En poussière de vie
Orteils jumeaux
Alignés sages et sûrs
Sur un même chemin
Les soirs
Nos soirs
Doux et moites d’été

dimanche 14 juillet 2013

Déclaration d'antan


Comment te dire, amour, comment rompre le rang
Quand ton corps est brûlant je ne suis rien qu’humaine
Je ne peux m’assagir à la raison d’antan
Je ne peux me résoudre à errer dans le temps
Elles sont mortes au-delà les vierges languides
Moi je suis femme de toute ma chair de tout mon sang
Mais où sont les mots capables de dire
Le cœur de mon délire la vigne de mon tourment
J’aurais voulu t’aimer à délier la chaîne
Des années mortes mains clouées au destin
T’aimer quand se sont tues les chaînes
Et les bonimenteurs aux croisées des chemins
T’aimer à ciel ouvert à chaque plainte du vent
Tes yeux noyés offerts à la lueur du serment
T’aimer à livre ouvert à la recherche des mots perdus
Celui qui est mon souffle crée mon vocabulaire
Croire que le temps d’amour a été découvert
Et que je peux te dire qu’il ne neigera plus

samedi 29 juin 2013

Ordure




Dans ma décharge personnelle
J’escalade les touches fracassées
De sa vieille machine mécanique
Où il a englouti
Mes poubelles de mots graves
Les métaux lourds du cœur
Mes déchets poétiques
Ses serments au rebut
Mon poids d’amour
Il m’a laissé sa boue
L’ordure


       



mardi 25 juin 2013

Ménade de jadis




Lénaï mes amies
Qui dansiez en moi
Vos voix ne disent plus le vin
Vos transes agonisent
Bras et jambes étiques
Maintenant
Je pousse tristement vos fauteuils
De fer
Grinçants
Dans mon crâne
Qui crisse
De ses fractures
Débris
Oenochoés brisées
C’en est fini
De l’élan orgiastique


dimanche 23 juin 2013

Homme creux




Un jour pelé s’extirpe
Gris comme mille façades
Les oiseaux s’agonissent
De refrains mécaniques
Mes draps se sont pendus
A des cintres ruisselants
Et le printemps dégénéré
Sur ses pantoufles
Ne brille plus

lundi 17 juin 2013

Autre Joachim



les Muses sont tes maîtresses
quand
la croix de tes bras
creuse de larmes
ton lit béant

lundi 10 juin 2013

Chirurgie



Cœur étoilé
Cœur crevassé
Cœur cinabre
A mes eaux mêlés
Qui teintent mes jours
D’un sang mort
Délavé
Assassiné 

jeudi 6 juin 2013

Eaux mortes



Les saules les saules au long du bras croupi
Ne saluent plus à mon passage
Leurs gluants tentacules
Garrottent mon cœur jamais sage
Les langues coupantes des roseaux
M’ensevelissent de quolibets
Si grotesque la dévoyée errante
Sans nul point d’ancrage
Qui cherche dans la vase à goût d’huître
Les signes du destin
Ses yeux plongés dans la fange
Des passés aux ogives incertaines
Les bouleaux malveillants lui font des croche-pieds
Dédaigneux ils ne veulent pas la voir
Se relever
- Les bords de ce bras moribond
N’ont plus rien à te dire
Naïve qui crois qu’encore tu as ta place
En ce monde où personne ne t’attend
Va t’en
Enjambe le parapet qui ne désire que ça
Il est à court d’âme ces temps-ci -

dimanche 26 mai 2013

Solitude




Personne
Personne malgré le va-et-vient
Les vagues du mouvement
Roulis des gens
Marée du temps
Personne malgré la cohue titubante
Au grand débarcadère
Des heures
Personne malgré le ressac
Qui ramène
Les galets du tumulte
Le houle tapageuse
Des déchets de pensées
Limon bouts de phrases
Personne
Dans l’amer de l’écume
Rouleaux qui me ballottent
Et me laissent transie
Cheveux d’algues
Lèvres de sel
Âme ensablée
Personne
Que le goéland qui rit
Les écueils de la mémoire
Les abysses du temps
Mains écorchées aux récifs
De chaque jour
Personne
Mais les mots
Bouteilles jetées à la mer